Sainte-Beuve -Pour la critique

Folio-Essais, Gallimard, 1992 : choix de textes, préface et dossier, en collaboration avec José-Luis Diaz.

 

Présentation

Charles-Augustin Sainte-Beuve commença à vingt ans sa carrière de critique au Globe, le 10 octobre 1824. Le 13 octobre 1869, une opération manquée interrompit son " office de vigie " et priva Flaubert du lecteur espéré : " J'avais fait L'Education sentimentale en partie pour Sainte-Beuve. Il est mort sans en connaître un ligne. "
A défaut d'un Sainte-Beuve intégral, nous présentons ici un Sainte-Beuve chronologique, avec une proportion plus généreuse pour la littérature de son temps et pour les textes de ses débuts - meilleure façon de faire sentir ce qui a maintenu, par-delà les faiblesses ou les désastres intimes, l'autorité de ce lecteur auprès des deux ou trois générations littéraires qui ont écrit, comme Flaubert, " en partie pour lui ".
Le lecteur découvrira un Sainte-Beuve politique méconnu, qui s'exprime, par exemple, avec flamme dans un hommage aux sergents de La Rochelle exécutés par Louis XVIII pour complot libéral, un Sainte-Beuve élaborant sa méthode critique, du " Pierre Corneille " de 1829 au dialogue avec la Physiologie des écrivains et des artistes d'Emile Deschanel en 1864, jusqu'à cette formule d'épilogue : " Le goût seul ne dispense pas des méthodes armées et précises ", un Sainte-Beuve ethnologue et sociologue du monde littéraire de son temps, enfin un Sainte-Beuve dressant ses portraits d'écrivains et partageant les combats de la génération romantique dont il s'est fait en apparence le censeur.